vendredi 15 novembre 2013

Le zèle de Gavroche


Gavroche, tout en chantant, prodiguait la pantomime. Le geste est le point d’appui du refrain. Son visage, inépuisable répertoire de masques, faisait des grimaces plus convulsives et plus fantasques que les bouches d’un linge troué dans un grand vent. Malheureusement, comme il était seul et dans la nuit, cela n’était ni vu, ni visible. Il y a de ces richesses perdues.
Soudain il s’arrêta court.
– Interrompons la romance, dit-il.
Sa prunelle féline venait de distinguer dans le renfoncement d’une porte cochère ce qu’on appelle en peinture un ensemble; c’est-à-dire un être et une chose; la chose était une charrette à bras, l’être était un auvergnat qui dormait dedans.
Les bras de la charrette s’appuyaient sur le pavé et la tête de l’auvergnat s’appuyait sur le tablier de la charrette. Son corps se pelotonnait sur ce plan incliné et ses pieds touchaient la terre.
Gavroche, avec son expérience des choses de ce monde, reconnut un ivrogne.
C’était quelque commissionnaire du coin qui avait trop bu et qui dormait trop.
– Voilà, pensa Gavroche, à quoi servent les nuits d’été. L’auvergnat s’endort dans sa charrette. On prend la charrette pour la république et on laisse l’auvergnat à la monarchie.
Son esprit venait d’être illuminé par la clarté que voici :
– Cette charrette ferait joliment bien sur notre barricade.
L’auvergnat ronflait.


Gavroche tira doucement la charrette par l’arrière et l’auvergnat par l’avant, c’est-à-dire par les pieds, et au bout d’une minute, l’auvergnat, imperturbable, reposait à plat sur le pavé.
La charrette était délivrée.
Gavroche, habitué à faire face de toutes parts à l’imprévu, avait toujours tout sur lui. Il fouilla dans une de ses poches, et en tira un chiffon de papier et un bout de crayon rouge chipé à quelque charpentier.
Il écrivit :
«République française.
«Reçu ta charrette.»
Et il signa :
«GAVROCHE

samedi 28 septembre 2013

Portrait de Marius

Victor Hugo est le créateur de tous les personnages, et donc de Marius et qui présente une certaine ressemblance avec Victor Hugo, jeune.
LA VIE DE MARIUS :
Marius Pontmercy est un jeune homme issu d'une famille riche. Il vit chez son grand-père, M.Gillenormand, qui habite rue Servandoni et qui est royaliste. 
Marius a perdu sa mère, et son père, le colonel de l'armée napoléonienne vaincue à Waterloo est resté Bonapartiste, ce qui explique la séparation entre Marius et son père.

LES ACTIONS PRINCIPALES DE MARIUS DANS LE ROMAN :
Marius se fâche avec son grand-père, qu'il quitte pour chercher son père. Il commence ses études de droit à Paris où il vit seul et pauvre. Il fait aussi la connaissance d'Eponine, la fille Thénardier dont il est le voisin à la masure Gorbeau ; c'est là qu'il découvre que Thénardier et Jondrette sont la même personne, le même escroc. Il aide Javert à les faire arrêter. 
Marius fait la connaissance d'une jeune fille, Cosette, qu'il rencontre souvent au jardin du Luxembourg et qui vit avec Jean Valjean rue Plumet. Il se réconcilie avec son grand-père. 
Le 5 Juin 1832, rue Saint Denis, Marius dirige la barricade avec les autres étudiants . Marius utilise Eponine, amoureuse de lui, pour envoyer des lettres à Cosette et la considère comme une amie, une confidente. Après la barricade, Marius se réconcilie avec son grand-père à qui il dit qu'il va épouser Cosette, ce qu'il fait peu de temps après.


samedi 21 septembre 2013

Le gamin de Paris

Gavroche et Victor Hugo - Musée Grévin - Paris
Gavroche
Personnage des Misérables, Gavroche est un gamin de Paris qui vit seul, sans logis, enfant du peuple, il est jeté sur les pavés lors des insurrections et meurt sur les barricades Dans les ébauches des Misérables, nombreuses sont les définitions de Gavroche : "le gamin de Paris, c'est le peuple enfant ayant au front la ride du monde vieux"

Gavroche, gamin de Paris, jeté sur les pavés comme beaucoup d'autres enfants, est seul, sans amour, sans gîte, sans pain, mais joyeux car libre.
Dans l'oeuvre, Gavroche est l'emblème du gamin, à partir duquel Hugo construit une métaphore de Paris où la vie et la mort luttent sur les décombres de la misère.

"Enfant du bourbier" autant qu' "enfant de l'idéal", "qui passe en une minute du marmot au géant", le "gamin exprime Paris, et Paris exprime le monde". Le rire énorme de Gavroche est un défi au malheur car "le gamin est un être qui s'amuse, parce qu'il est malheureux."

samedi 14 septembre 2013

Le travail infantile à l'époque de Gavroche

Les premières lois interdisant le travail des enfants de moins de huit, puis neuf ans, datent de 1833 et 1841. Mais patrons et parents trop pauvres mentent sur l'âge des enfants. Personne ne se soucie de vérifier que la loi est appliquée, elles restent inefficaces.
Inlassablement, par ses pamphlets aussi bien que par ses poèmes, Victor Hugo dénonce la misère et le travail des enfants, comme en 1856, six ans avant les Misérables, dans  

Mélancholia des Contemplations :

« Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs, que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
[...]
Ô servitude infâme imposée à l'enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, oeuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée,
Et qui ferait – c'est là son fruit le plus crétin ! –
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil. »


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la Masure Gorbeau

Extrait:

"Cette masure n’avait qu’un étage."
"En l’examinant, le détail qui frappait d’abord, c’est que cette porte n’avait jamais pu être que la porte d’un bouge, tandis que cette croisée, si elle eût été coupée dans la pierre de taille au lieu de l’être dans le moellon, aurait pu être la croisée d’un hôtel."
"La porte n’était autre chose qu’un assemblage de planches vermoulues grossièrement reliées par des traverses pareilles à des bûches mal équarries. Elle s’ouvrait immédiatement sur un roide escalier à hautes marches, boueux, plâtreux, poudreux, de la même largeur qu’elle, qu’on voyait de la rue monter droit comme une échelle et disparaître dans l’ombre entre deux murs. Le haut de la baie informe que battait cette porte était masqué d’une volige étroite au milieu de laquelle on avait scié un jour triangulaire, tout ensemble lucarne et vasistas quand la porte était fermée. Sur le dedans de la porte un pinceau trempé dans l’encre avait tracé en deux coups de poing le chiffre 52 et au-dessus de la volige le même pinceau avait barbouillé le numéro 50; de sorte qu’on hésitait. Où est-on? Le dessus de la porte dit : au numéro 50; le dedans réplique : non, au numéro 52.


A son habitude Victor Hugo aimait associer dans des nouveaux chapitres des situations, personnages et lieux de chapitres antérieurs. Cette forme de construction littéraire innovatrice n'était pas commune à l'époque. Ceci est un exemple avec la Masure Gorbeau que l'on retrouve ci-dessous dans la troisième partie - le livre 1, chapitre 13.

Un peu plus de huit années se sont écoulées. La Masure Gorbeau, jadis habitée par Jean Valjean, abrite maintenant de nouveaux locataires. On y trouve une famille misérable : le père, qui dit s'appeler Jondrette , son épouse et leurs deux filles . Quant au fils Gavroche, un vrai gamin de Paris, il a choisi de vivre dans la rue. Cette famille accueille un nouveau voisin , un jeune homme , petit-fils d'un "grand bourgeois", nommé Marius Pontmercy.


L'enfance dans " Les Misérables ".




Cosette, archétype de l'enfance maltraitée
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L'image illustre parfaitement le propos de Hugo qui, en montrant la réalité misérable, accuse la société entière de dévoyer l'enfance populaire. Les mères, obligées de travailler, confient leurs enfants à des gardiennes ou des soigneuses, ou à un meneur qui les place à la campagne. Les conditions de vie sont souvent insalubres, les enfants exploités, parfois livrés à la prostitution et poussés à la délinquance. La Cosette créée par Brion va traverser les époques, les modes et les supports. Toutes les Cosette, jusqu'à aujourd'hui, seront représentées dans la même situation, les mêmes vêtements, les mêmes accessoires.  

Les enfants du XIXe siècle

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Au XIXe siècle, parfois dès l'âge de six ans, les enfants travaillent dans les fabriques, dans les mines, dans les forges, pendant douze à quinze heures par jour, pour un salaire misérable. Dans les filatures, leur petite taille et leur souplesse sont utilisées pour rattacher les fils brisés, nettoyer les bobines, ramasser les fils sous les machines en marche. Les accidents ne sont pas rares – comme une chevelure entraînée par les rouages des machines qui emportent le scalp. Dans les mines, ils peuvent se glisser dans les galeries les plus étroites et poussent les wagonnets chargés de charbon. Pour le même travail, ils sont payés trois à quatre fois moins qu'un adulte.
Le thème du « charmant » petit ramoneur savoyard, très à la mode dans la peinture et la littérature du XVIIe au XIXe siècle, cache une réalité bien plus pénible.


Du conte de fées à la naissance d'un nouveau modèle : « la petite fille »



L'histoire de Cosette est un conte de fées. Elle tient de Chaperon rouge, du Petit Poucet et de Cendrillon : placée par sa mère très pauvre chez un couple d'aubergiste qui l'exploite, souffre-douleur d'une marâtre qui lui préfère ses deux filles et l'envoie de nuit puiser de l'eau, elle ne rencontre ni le loup, ni le prince, mais un ex-bagnard repenti, qui sera son sauveur et fera d'elle une demoiselle de la bonne société. Hugo joue évidemment à fond sur ce registre, et Brion avec lui, d'autant que paraît aussi en 1862 une nouvelle édition des Contes de Perrault, illustrée par les gravures de Gustave Doré.
Comme dans un conte, Cosette est l'image archétypale du dénuement matériel et moral absolu. Mais au cœur de cette misère qui nous touche, Hugo met en scène une figure de ce que le XIXe siècle considère comme une « nature » féminine. La scène de la poupée est à ce titre édifiante.

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mardi 10 septembre 2013

Le gamin de Paris

« Paris a un enfant et la forêt a un oiseau; l’oiseau s’appelle le moineau; l’enfant s’appelle le gamin. »

Les Misérables - Tome III - Marius - Livre I - Chapitre I - Parvulus


vendredi 6 septembre 2013

Chaos vaincu

Jean Valjean a dû vaincre encore une autre tentation : «  Dieu a ses voies; le couvent contribua, comme Cosette, à maintenir et à compléter dans Jean Valjean l’œuvre de l’évêque. Il est certain qu’un des côtés de la vertu aboutit à l’orgueil.[…]. Tant qu’il ne s’était comparé qu’à l’évêque, il s’était trouvé indigne et il avait été humble ; mais depuis quelques temps il commençait à se comparer aux hommes, et l’orgueil naissait. Qui sait ? Il aurait peut-être fini par revenir tout doucement à la haine ». Mais il a « sous les yeux le sommet sublime de l’abnégation ». Ainsi « tout ce qui était entré dans sa vie depuis six mois le ramenait vers les saintes injonctions de l’évêque, Cosette par l’amour, le couvent par l’humilité ».


Un des aspects les plus remarquables de cette profonde cohérence des Misérables vient sûrement de ce que le roman unit l’histoire de l’émeute à une grande partie de celle de Jean Valjean. « Qu’est-ce que les convulsions d’une ville auprès des émeutes de l’âme ? L’homme est une profondeur plus grande encore que le peuple. Jean Valjean, en ce moment –là même, était en proie à un soulèvement effrayant. […]. Lui aussi frissonnait, comme Paris, au seuil d’une révolution formidable et obscure ». La naissance du Peuple et celle de l’Homme se font dans des souffrances pareilles, plus cruelles cependant quand il s’agit de la conscience de l’Homme.

Extrait de: Chaos vaincu - Quelques remarques sur l'oeuvre de Victor Hugo
Par Guy Robert


dimanche 1 septembre 2013

Fin du Petit-Picpus

Dès le commencement de la Restauration, le couvent du Petit-Picpus dépérissait, ce qui fait partie de la mort générale de l’ordre, lequel, après le dix-huitième siècle, s’en va comme tous les ordres religieux. La contemplation est, ainsi que la prière, un besoin de l’humanité ; mais, comme tout ce que la Révolution a touché, elle se transformera, et, d’hostile au progrès social, lui deviendra favorable.

La maison du Petit-Picpus se dépeuplait rapidement. En 1840, le petit couvent avait disparu, le pensionnat avait disparu. Il n’y avait plus ni les vieilles femmes, ni les jeunes filles ; les unes étaient mortes, les autres s’en étaient allées. Volaverunt.

La règle de l’Adoration Perpétuelle est d’une telle rigidité qu’elle épouvante ; les vocations reculent, l’ordre ne se recrute pas. En 1845, il se faisait encore çà et là quelques sœurs converses ; mais de religieuses de chœur, point. Il y a quarante ans, les religieuses étaient près de cent ; il y a quinze ans, elles n’étaient plus que vingt-huit. Combien sont-elles aujourd’hui ? En 1847, la prieure était jeune, signe que le cercle du choix se restreint. Elle n’avait pas quarante ans. À mesure que le nombre diminue, la fatigue augmente ; le service de chacune devient plus pénible ; on voyait dès lors approcher le moment où elles ne seraient plus qu’une douzaine d’épaules douloureuses et courbées pour porter la lourde règle de saint Benoît. Le fardeau est implacable et reste le même à peu comme à beaucoup. Il pesait, il écrase. Aussi elles meurent. Du temps que l’auteur de ce livre habitait encore Paris, deux sont mortes. L’une avait vingt-cinq ans, l’autre vingt-trois. Celle-ci peut dire comme Julia Alpinula : Hic jaceo, vixi annos viginti et tres. C’est à cause de cette décadence que le couvent a renoncé à l’éducation des filles.

Nous n’avons pu passer devant cette maison extraordinaire, inconnue, obscure, sans y entrer et sans y faire entrer les esprits qui nous accompagnent et qui nous écoutent raconter, pour l’utilité de quelques-uns peut-être, l’histoire mélancolique de Jean Valjean. Nous avons jeté un coup d’œil dans cette communauté toute pleine de ces vieilles pratiques qui semblent si nouvelles aujourd’hui. C’est le jardin fermé. Hortus conclusus. Nous avons parlé de ce lieu singulier avec détail, mais avec respect, autant du moins que le respect et le détail sont conciliables. Nous ne comprenons pas tout, mais nous n’insultons rien. Nous sommes à égale distance de l’hosanna de Joseph de Maistre qui aboutit à sacrer le bourreau et du ricanement de Voltaire qui va jusqu’à railler le crucifix.

Illogisme de Voltaire, soit dit en passant ; car Voltaire eût défendu Jésus comme il défendait Calas ; et, pour ceux-là mêmes qui nient les incarnations surhumaines, que représente le crucifix ? Le sage assassiné.

Au dix-neuvième siècle, l’idée religieuse subit une crise. On désapprend de certaines choses, et l’on fait bien, pourvu qu’en désapprenant ceci, on apprenne cela. Pas de vide dans le cœur humain. De certaines démolitions se font, et il est bon qu’elles se fassent, mais à la condition d’être suivies de reconstructions.

En attendant, étudions les choses qui ne sont plus. Il est nécessaire de les connaître, ne fût-ce que pour les éviter. Les contrefaçons du passé prennent de faux noms et s’appellent volontiers l’avenir. Ce revenant, le passé, est sujet à falsifier son passeport. Mettons-nous au fait du piège. Défions-nous. Le passé a un visage, la superstition, et un masque, l’hypocrisie. Dénonçons le visage et arrachons le masque.

Quant aux couvents, ils offrent une question complexe. Question de civilisation, qui les condamne ; question de liberté, qui les protège.

samedi 24 août 2013

Cosette et Jean Valjean

La nature, cinquante ans d’intervalle, avaient mis une séparation profonde entre Jean Valjean et Cosette ; cette séparation, la destinée la combla. La destinée unit brusquement et fiança avec son irrésistible puissance ces deux existences déracinées, différentes par l’âge, semblables par le deuil. L’une en effet complétait l’autre. L’instinct de Cosette cherchait un père comme l’instinct de Jean Valjean cherchait un enfant. Se rencontrer, ce fut se trouver. Au moment mystérieux où leurs deux mains se touchèrent, elles se soudèrent. Quand ces deux âmes s’aperçurent, elles se reconnurent comme étant le besoin l’une de l’autre et s’embrassèrent étroitement.

vendredi 9 août 2013

Waterloo .... pourquoi ?

Question délicate, sans confirmation que nous aurons la réponse un jour....

Hugo situe l'action entre 1815 et 1832 car il a aimé cette époque. Hugo est un homme de la génération romantique. Dans Les Misérables, l'histoire occupe une grande place à travers deux périodes. Ces deux époques ne sont pas choisies au hasard, elles représentent l'une ce que Hugo a aimé dans sa jeunesse, l'autre, des événements qu'il a vécus et qui l'ont sans doute influencé dans le reste de sa vie.
Napoléon "Le petit"

Dans les châtiments (1853), fruit du premier hiver d'exil, Hugo consacra à " Napoléon le petit " , comme il l'appelait, toute une série de vers aussi indignée que véhéments. L'ouvrage circula aussitôt en contrebande en France. Le recueil se compose de 6200 vers, organisés en sept parties. Hugo y oppose Napoléon Premier, héros de son enfance, à Louis Bonaparte qui l' a trahi en prenant le pouvoir et en rétablissant une dictature.

samedi 27 juillet 2013

La bataille de Waterloo - Général Pierre Cambronne

Mai 1861.
Victor raconte une visite à pied sur les vestiges de la défaite napoléonienne de Waterloo ( visite que Victor Hugo fit en 1861, lors de son retour de l'Ile d'Elbe sur les lieux même de la bataille de juin 1815). Ce jour-là, Napoléon affrontait les troupes anglaises et les forces coalisées de l'Europe continentale.

Victor Hugo réfléchit sur les causes de ce désastre napoléonien : il pleuvait ce jour-là, le sol était boueux, ce qui empêcha l'empereur de déployer librement son artillerie, son arme stratégique. Pire, mal renseignée, la cavalerie française se précipita dans un ravin, où beaucoup de soldats périrent, écrasés. Les renforts espérés n'arrivèrent pas . Le Général Cambronne fit passer à la postérité cette défaite héroïque. La garde impériale qu'il dirigeait lutta jusqu'au dernier carré et, lui, lança à l'ennemi son mot célèbre : "M…"


La Mission morale, sociale et politique.

Depuis leur parution, Les Misérables sont l'œuvre la plus célèbre et la plus lue de Victor Hugo. Jean Valjean, Cosette, Gavroche, font maintenant parti des personnages connus de chaque lycéen et lycéenne.

Les Misérables apparaissent comme ce "livre unique" dont rêvait le dix-neuvième siècle. L'ambition démesurée de Victor Hugo est explicite : " Ce livre est un drame dont le premier personnage est l'infini. L'homme est le second".

Certains ont été tentés de critiquer Les Misérables pour la faiblesse de sa psychologie et sa simplification caricaturale de la société. Force est de constater, plus de cent trente ans après sa sortie, sa vigueur et de saluer cette œuvre, qui selon Victor Hugo lui-même, visait à dénoncer la dégradation de l'homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l'atrophie de l'enfant par la nuit.



Victor Hugo qui, dans la préface des Misérables, affirme d'ailleurs la mission morale, sociale et politique qu'il s'est fixé en créant cette épopée : "Tant qu'il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers et compliquant d'une fatalité humaine, la destinée qui est divine… tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres comme celui-ci pourront ne pas être inutiles."

samedi 22 juin 2013

Le choix de Jean Valjean

« Et, quoi qu’il fît, il retombait toujours sur ce poignant dilemme qui était au fond de sa rêverie: – rester dans le paradis, et y devenir démon ! rentrer dans l’enfer, et y devenir ange!

Que faire, grand Dieu! que faire? »

Tome I - Livre 7 - Chapitre III

samedi 8 juin 2013

Christus nos liberavit « Le Christ nous a libérés »

Qu’est-ce que c’est que cette histoire de Fantine ? C’est la société achetant une esclave.

À qui ? À la misère.

À la faim, au froid, à l’isolement, à l’abandon, au dénûment. Marché douloureux. Une âme pour un morceau de pain. La misère offre, la société accepte.

La sainte loi de Jésus-Christ gouverne notre civilisation, mais elle ne la pénètre pas encore. On dit que l’esclavage a disparu de la civilisation européenne. C’est une erreur. Il existe toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme, et il s’appelle prostitution.

Il pèse sur la femme, c’est-à-dire sur la grâce, sur la faiblesse, sur la beauté, sur la maternité. Ceci n’est pas une des moindres hontes de l’homme.

lundi 3 juin 2013

L'écriture et ses péripéties - Partie 3

Victor Hugo fut considérablement critiqué sur son livre, et l'opinion de Gustave Flaubert considéré comme un de ses amis, est un des exemples.

Lettre de Gustave Flaubert à Madame Roger des Genettes
Envoyée de Croisset en juillet 1862

À vous, je peux tout dire. Eh bien ! notre dieu baisse. Les Misérables m’exaspèrent et il n’est pas permis d’en dire du mal : on a l’air d’un mouchard. La position de l’auteur est inexpugnable, inattaquable. Moi qui ai passé ma vie à l’adorer, je suis présentement indigné ! Il faut bien que j’éclate, cependant.
Je ne trouve dans ce livre ni vérité ni grandeur. Quant au style, il me semble intentionnellement incorrect et bas. C’est une façon de flatter le populaire. Hugo a des attentions et des prévenances pour tout le monde ; saint-Simoniens, Philippistes et jusqu’aux aubergistes, tous sont platement adulés. Et des types tout d’une pièce, comme dans les tragédies ! Où y a-t-il des prostituées comme Fantine, des forçats comme Valjean, et des hommes politiques comme les stupides cocos de l’A, B, C ? Pas une fois on ne les voit souffrir dans le fond de leur âme. Ce sont des mannequins, des bonshommes en sucre, à commencer par monseigneur Bienvenu. Par rage socialiste, Hugo a calomnié l’Église comme il a calomnié la misère. Où est l’évêque qui demande la bénédiction d’un conventionnel ? Où est la fabrique où l’on met à la porte une fille pour avoir eu un enfant ? Et les digressions ! Y en a-t-il ! Y en a-t-il ! le passage des engrais a dû ravir Pelletan. 

Ce livre est fait pour la crapule catholico-socialiste, pour toute la vermine philosophico-évangélique. Quel joli caractère que celui de M. Enjolras qui n’a donné que deux baisers dans sa vie, pauvre garçon ! Quant à leurs discours, ils parlent très bien, mais tous de même. Le rabâchage du père Gillenormant, le délire final de Valjean, l’humour de Cholomiès et de Gantaise, tout cela est dans le même moule. Toujours des pointes, des farces, le parti pris de la gaieté et jamais rien de comique. Des explications énormes données sur des choses en dehors du sujet et rien sur les choses qui sont indispensables au sujet. Mais en revanche des sermons, pour dire que le suffrage universel est une bien jolie chose, qu’il faut de l’instruction aux masses ; cela est répété à satiété. 

Décidément ce livre, malgré de beaux morceaux, et ils sont rares, est enfantin. L’observation est une qualité secondaire en littérature, mais il n’est pas permis de peindre si faussement la société quand on est le contemporain de Balzac et de Dickens. C’était un bien beau sujet pourtant, mais quel calme il aurait fallu et quelle envergure scientifique ! Il est vrai que le père Hugo méprise la science et il le prouve.

L'écriture et ses péripéties - Partie 2

Il faut trois mois, d'avril à juin 1862, pour publier les dix volumes des Misérables. Ce sont les éditeurs bruxellois Lacroix et Verboeckhoven qui ont remporté le contrat, contre la remise de 300.000 francs au poète, une somme énorme. Jusqu'au dernier moment, Hugo multiplie les relectures et retouches, avec l'aide de Juliette Drouet à la plume.

   
Affiche lors de la publication du livre


 La campagne de lancement est menée de main
 de maître. D'aucuns la  comparent à celle qui
 accompagne aujourd'hui la sortie d'un épisode
 d'Harry Potter !





Le jour de la sortie, les librairies sont prises d'assaut, la première partie est aussitôt épuisée, les traductions s'enchaînent : le succès est immense. Hugo a pris soin de demander la création d'une édition illustrée de petit format, au prix abordable, pour toucher un large public rendu impatient par les centaines d'affiches annonçant la publication.

Le peuple est séduit. On dit que dans les ateliers, les ouvriers se cotisent pour acheter les ouvrages et se les passer de main en main.

Mais les lettrés font la grimace. Peut-être parce que l'attente était énorme, la désillusion se révèle cruelle. Les critiques consternées se multiplient : contre le style tout d'abord, «intentionnellement incorrect et bas» (Gustave Flaubert) censé plagier le parler populaire. Puis contre le fond, qui dérange : ne risque-t-il pas de donner de faux espoirs au peuple, de lui faire miroiter cette «passion de l'impossible […] : l'extinction de toutes les misères» (Alphonse de Lamartine) ? Baudelaire confesse dans une lettre à sa mère : «Ce livre est immonde et inepte» (11 août 1862).

Les républicains lui reprochent de donner en exemple un prêtre (Monseigneur Bienvenu), les catholiques d'accuser Dieu d'être à l'origine de la misère. Voici Hugo vilipendé pour avoir engendré «le livre le plus dangereux de ce temps» (Jules Barbey d'Aurevilly). Mais n'était-ce pas son but ?

L'écriture et ses péripéties - Partie 1

Roman phare de Victor Hugo, Les Misérables sont le fruit d'une longue gestation. Dès 1828, le jeune écrivain, tout royaliste qu’il soit, envisage un grand roman sur le thème de la misère. Commence la période de la documentation avec collecte de coupures de presse, visite des lieux (bagnes, usines ou champ de bataille de Waterloo, où il met le point final à son roman), et recueil de témoignages.
Les Misérables en 5 Tomes 
Les anciens prisonniers sont mis à contribution, mais aussi les proches telle Juliette Drouet, élevée dans un couvent comme Fantine, la mère de Cosette.

Hugo s'appuie aussi sur ses souvenirs, réutilisant entre autres le défilé de forçats auquel il a assisté lors de sa visite des établissements de Toulon. Certains faits divers deviennent source d'inspiration, à l'exemple de la bonté montrée par monseigneur Miollis, évêque de Digne, à l'égard du galérien Pierre Maurin, condamné aux galères pour vol de pain. L’évêque sera rebaptisé Monseigneur Bienvenu Myriel dans le roman.

De la même façon, on rapporte que l'écrivain aurait assisté à une altercation entre un aristocrate et une prostituée, épisode utilisé dans Les Misérables pour mener Fantine à la déchéance.

L'écriture elle-même commence le 7 novembre 1845, pour un premier jet se déroulant jusqu'en 1848. Le succès des Mystères de Paris, publié en 1843 par Eugène Sue, l'encourage dans cette voie. Mais la politique interrompt l'œuvre de création d'Hugo qui assiste indigné à l'abdication de Louis-Philippe et plus tard au coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte (qu'il a d'abord soutenu).

Avant d'être obligé de fuir, il court de barricade en barricade, expérience qui deviendra un des temps forts de son roman où il met en scène le petit Gavroche, tout droit sorti de La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix, peinte en 1830. L'exil lui offre le calme pour reprendre la plume, de 1860 à 1862.

Entre-temps, le projet a évolué, ses idées sociales étant devenues plus claires. Il ne s'agit plus des Misères, abstraction de l'état de pauvreté d'une partie de la population, mais des Misérables, incarnation du peuple souffrant à travers quelques personnages-types.

dimanche 2 juin 2013

Victor Hugo - 1802-1885

Impossible de parler du livre sans évoquer l'auteur.

Victor enfant


Naissance de Victor, le siècle avait deux ans !... et ce XIX siècle est plein de surprises.
Victor Hugo naît à Besançon le 26 février 1802, sous le Consulat... Les héros de l'épopée révolutionnaire et impériale ne savent pas encore qu'ils ont gagné le plus grand mémorialiste qui soit.
Son père, Léopold Hugo, est un général et un comte de l'Empire napoléonien. Sa mère, SophieTrébuchet, originaire de Châteaubriant, en Bretagne, donne très tôt à Victor le goût des auteurs classiques. Vers 17 ans, celui-ci aurait écrit sur un brouillon d'écolier : «Je veux être Chateaubriand ou rien». Il sera bien plus.

Il évoque sa naissance dans ce poème:

Le poète évoque sa naissance en cultivant le paradoxe :
Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
Le front de l'empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l'air qui vole,
Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois.

Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ;
Si débile qu'il fut, ainsi qu'une chimère,
Abandonné de tous, excepté de sa mère,
Et que son cou ployé comme un frêle roseau
Fit faire en même temps sa bière et son berceau.
Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
Et qui n'avait pas même un lendemain à vivre,
C'est moi.
(Les feuilles d'automne, 1831)

samedi 1 juin 2013

Un roman épique

Les Misérables est une œuvre en cinq tomes:

Tome I – Fantine

Tome II – Cosette

Tome III – Marius

Tome IV - L’idylle rue Plumet et l’épopée rue Saint-Denis

Tome V - Jean Valjean

Une description de Fantine

« Quant à Fantine, c’était la joie. Ses dents splendides avaient évidemment reçu de Dieu une fonction, le rire. Elle portait à sa main plus volontiers que sur sa tête son petit chapeau de paille cousue, aux longues brides blanches. Ses épais cheveux blonds, enclins à flotter et facilement dénoués et qu’il fallait rattacher sans cesse, semblaient faits pour la fuite de Galatée sous les saules. Ses lèvres roses babillaient avec enchantement. Les coins de sa bouche voluptueusement relevés, comme aux mascarons antiques d’Érigone, avaient l’air d’encourager les audaces ; mais ses longs cils pleins d’ombre s’abaissaient discrètement sur ce brouhaha du bas du visage comme pour mettre le holà. Toute sa toilette avait on ne sait quoi de chantant et de flambant. Elle avait une robe de barège mauve, de petits souliers-cothurnes mordorés dont les rubans traçaient des X sur son fin bas blanc à jour, et cette espèce de spencer en mousseline, invention marseillaise, dont le nom, canezou, corruption du mot quinze août prononcé à la Canebière, signifie beau temps, chaleur et midi. Les trois autres, moins timides, nous l’avons dit, étaient décolletées tout net, ce qui, l’été, sous des chapeaux couverts de fleurs, a beaucoup de grâce et d’agacerie ; mais, à côté de ces ajustements hardis, le canezou de la blonde Fantine, avec ses transparences, ses indiscrétions et ses réticences, cachant et montrant à la fois, semblait une trouvaille provocante de la décence, et la fameuse cour d’amour, présidée par la vicomtesse de Cette aux yeux vert de mer, eût peut-être donné le prix de la coquetterie à ce canezou qui concourait pour la chasteté. Le plus naïf est quelquefois le plus savant. Cela arrive.

Éclatante de face, délicate de profil, les yeux d’un bleu profond, les paupières grasses, les pieds cambrés et petits, les poignets et les chevilles admirablement emboîtés, la peau blanche laissant voir çà et là les arborescences azurées des veines, la joue puérile et franche, le cou robuste des Junons éginétiques, la nuque forte et souple, les épaules modelées comme par Coustou, ayant au centre une voluptueuse fossette visible à travers la mousseline ; une gaîté glacée de rêverie ; sculpturale et exquise ; telle était Fantine ; et l’on devinait sous ces chiffons une statue, et dans cette statue une âme.
Fantine était belle, sans trop le savoir. Les rares songeurs, prêtres mystérieux du beau, qui confrontent silencieusement toute chose à la perfection, eussent entrevu en cette petite ouvrière, à travers la transparence de la grâce parisienne, l’antique euphonie sacrée. Cette fille de l’ombre avait de la race. Elle était belle sous les deux espèces, qui sont le style et le rythme. Le style est la forme de l’idéal ; le rythme en est le mouvement. »

vendredi 31 mai 2013

La ville de Digne

 
La ville de Digne dont le nom officiel est Digne-les-Bains en raison des ses huit sources d'eau chaude et une d'eau froide utilisées pour le thermalisme, est le chef-lieu du département des Alpes de Haute-Provence. Placée au centre géographique du département, cette ville abrite actuellement 17 400 habitants, ce qui en fait l’une des plus petites préfectures de France par sa population.

Le centre-ville est à 608 mètres d’altitude. En 1800 elle comptait 3200 habitants. C'était à Digne en 1801 que l'évêque Monseigneur De Miollis avait pris en charge le paysan Pierre Maurin condamné au bagne pendant cinq ans pour le vol d'un pain. Hugo tira de cette histoire véridique les personnages de Jean Valjean et Monseigneur Myriel.

L'œuvre à l'écran

La richesse et la profondeur des Misérables expliquent le succès jamais démenti de ce roman qui a inspiré de nombreuses adaptations :
- films de Frank Lloyd (1917),
- Jean-Paul Le Chanois (1958, voir la page d'ouverture),
- Robert Hossein (1982, avec Lino Ventura),
- Claude Lelouch (1995, avec Jean-Paul Belmondo),
- téléfilm de Josée Dayan (2000, avec Gérard Depardieu et John Malkovich),
- célèbre comédie musicale de Claude-Michel Schönberg et Alain Boublil (1980, version anglaise en 1985).
- Nouvelle comédie musicale britannique de Tom Hooper (2012)


Réflexion

Le XIX siècle est l'époque de l'essor du roman. Les Misérables (1862) en est l'un des meilleurs exemples, du fait de son ampleur et de ses personnages inoubliables. C'est un roman réaliste représentant l'ensemble de la société et contenant d'abondantes réflexions sur des thèmes comme la politique, la justice ou l'Histoire. Commencé en 1845 sous la Restauration, et repris en 1860, lorsque Victor Hugo s'est exilé de la France de Napoléon III, le roman reflète les évolutions politiques de l'auteur, passé par le royalisme et le bonapartisme avant de devenir républicain. Roman engagé, il vise à dénoncer les effets de la pauvreté.


Pour Victor Hugo, les « misérables » sont, le plus souvent, des victimes de la société. Le lecteur ressent de la pitié pour des personnages. Il ressent aussi de l'admiration pour l'honnêteté d'un Jean Valjean, dont la lutte constitue le cœur de ce roman d'apprentissage : il s'efforce de se protéger de la police, incarnée par Javert, et de sauver son âme, grâce à l'exemple de Monseigneur Myriel dont la bonté est remarquable. La dimension religieuse du combat entre le bien et le mal est importante. Les personnages sont complexes et sont confrontés à des dilemmes. Certains personnages ignobles comme les Thénardier inspirent au contraire l'indignation.

Les Misérables est également une œuvre romantique pleine de contrastes et d'images saisissantes. Le souffle épique qui l'anime se manifeste notamment dans la longue évocation de la bataille de Waterloo. Les scènes hugoliennes ont une importante force dramatique et ménagent du suspens. Le travail sur la langue, y compris sur l'argot, rappelle que Victor Hugo est l'un des plus grands poètes de la langue française, et ses analyses des sentiments, comme le remords, la peur ou l'amour, montrent sa sensibilité.

Jean Valjean 2


Jean Valjean, au bagne, faisait des travaux forcés. Quand vint son tour, il n'hésita pas à tenter de s'échapper. A chaque fois, il se fit attraper. C'est pourquoi il y resta dix-neuf ans, la première fois. Ce qu 'apprend Jean Valjean au bagne : Il apprend le crime et la malhonnêteté, car il va voler l'évêque et le Petit-Gervais, mais il apprend aussi à lire et à écrire.

Son caractère, son attitude : Valjean a un caractère très pensif, sans être triste, ce qui est le propre des natures affectueuses, avant d'aller au bagne pour la première fois. Quand il en sort, il est révolté, jusqu'à sa rencontre avec l'évêque qui lui rend sa dignité en l'accueillant et en lui faisant cadeau de ce que, pourtant, l'ancien forçat lui a volé. C'est aussi un personnage très courageux et très fort physiquement.

Jean Valjean 1


Jean Valjean est un personnage qui a perdu ses parents très jeunes. Sa sœur l'éleva tant qu'elle eut son mari. J. Valjean, arrivé à sa vingt-cinquième année, vivait toujours chez sa sœur devenue veuve, avec sept enfants à charge. Sa jeunesse se dépensait dans un travail mal payé.
Pendant la saison de l'émondage (couper les branches inutiles des arbres), il gagnait dix-huit sous par jour. Il arriva que l' hiver fut rude, et Jean n'eut pas d'ouvrage. Un soir, Jean Valjean vola un pain dans une boulangerie pour nourrir sa famille, et se fit rattraper par le vendeur. Il fut jugé et condamné à six ans de bagne.

jeudi 30 mai 2013

Monseigneur Bienvenu.... De Miollis !

François-Melchior-Charles-Bienvenu de Miollis (19 juin 1753, Aix-en-Provence - 27 juin 1843, Digne), est un homme d'église français, évêque de Digne de 1805 à 1838. Il inspira Victor Hugo à la création du personnage de l'évêque Charles Myriel dit "Monseigneur Bienvenu" dans le roman Les Misérables.

Fils d'un conseiller au parlement d'Aix en Provence, marié de bonne heure, la première partie de vie du futur évêque de Digne est réservée au monde et aux "galanteries". Puis vient la Révolution, les familles parlementaires décimées, chassées, traquées se dispersent. Charles Myriel émigre en Italie. Sa femme y meurt semble-t'il de la tuberculose. Ils n'ont point d'enfants.
Lorsqu'il revient d'Italie il est prêtre : curé de Brignolles en 1804, il est déjà d'un certain âge. Une petite affaire de sa cure l'amène à Paris où il croise par le plus grand des hasards l'empereur dans l'antichambre du bureau du cardinal Fesch: "Sire, dit M. Myriel, vous regardez un bonhomme, et moi je regarde un grand homme. Chacun de nous peut profiter".
L'empereur, le soir même, demanda au cardinal le nom de ce curé, et quelque temps après M. Myriel fut tout surpris d'apprendre qu'il était nommé évêque de Digne". Monsieur Myriel devient alors Monseigneur Bienvenu... "J'aime ce nom là, disait-il, Bienvenu corrige Monseigneur." 

Arrivé à Digne il quitte le palais épiscopal pour loger à l'hôpital, maison étroite et basse avec un jardin qu'il aimera cultiver: "Tenez, monsieur le directeur de l'hôpital, je vais vous dire. Il y a évidemment une erreur. Vous êtes vingt-six personnes dans cinq ou six petites chambres. Nous sommes trois ici, et nous avons place pour soixante. Il y a une erreur, je vous dis. Vous avez mon logis, et j'ai le vôtre. rendez-moi ma maison. C'est ici chez vous. Le lendemain, les vingt-six malades étaient installés dans le palais de l'évêque, et l'évêque était à l'hôpital". 

En tant qu'évêque M. Myriel reçoit de l'état (régime concordataire) un traitement de quinze mille francs par an, somme importante pour l'époque permettant de mener grand train de vie. Une fois pour toutes il détermine l'emploi de cette somme de la façon suivante: un dixième pour lui, le reste pour les oeuvres de l'Eglise, les pauvres et les prisonniers. "Je paye ma dîme" disait-il ! "
Quant au casuel épiscopal, rachat de bans, dispenses, baptêmes, prédications, bénédictions d'églises ou de chapelles, mariages, etc, l'évêque le percevait sur les riches avec d'autant plus d'âpreté qu'il le donnait aux pauvres" - et Hugo ajoute - "les pauvres gens du pays avaient choisi, avec une sorte d'instinct affectueux, dans les noms et prénoms de l'évêque, celui qui leur présentait un sens, et ils ne l'appelaient que Monseigneur Bienvenu"

 L'évêque de Digne incarne la vie d'un juste animé par l'idéal de miséricorde et de charité de l'Evangile : "Il ne condamnait rien hâtivement, et sans tenir compte des circonstances. Il disait : voyons le chemin par où la faute a passé." - "le moins de péché possible, c'est la loi de l'homme. Pas de péché du tout est le rêve de l'ange. Tout ce qui est terrestre est soumis au péché. Le péché est une gravitation."
- "il était indulgent pour les femmes et les pauvres sur qui pèse le poids de la société humaine. Il disait : les fautes des femmes, des enfants, des serviteurs, des faibles, des indigents et des ignorants sont la faute des maris, des pères, des maîtres, des forts, des riches et des savants.
- Il disait encore : A ceux qui ignorent, enseignez-leur le plus de choses que vous pourrez ; la société est coupable de ne pas donner l'instruction gratis ; elle répond de la nuit qu'elle produit. Cette âme est pleine d'ombre, le péché s'y commet. Le coupable n'est pas celui qui fait le péché, mais celui qui fait l'ombre."

- "Comme on voit, il avait une manière étrange et à lui de juger les choses. Je soupçonne qu'il avait pris cela dans l'Evangile."

L'océan et les métaphores de Hugo !


Une métaphore est un procédé stylistique couramment utilisé qui permet une comparaison ou une analogie sans la présence d'un élément de comparaison. Avec la métaphore, ce n'est plus un rapport de comparaison qui est établit, mais un rapport référentiel. En ajoutant des éléments on enrichit le texte. L'exemple de l'océan peut paraître exagérer mais cela prépare et conditionne le lecteur.

La première de ces métaphores est celle de l'océan, développée en I, 2,8 "L'onde et l'ombre". Elle interrompt le cours du récit et conte l'histoire d'une noyade que son avant dernière phrase interprète : "La mer, c'est l'inexorable nuit sociale où la pénalité jette ses damnés. La mer, c'est l'immense misère." La fureur des flots se joint à la nuit pour évoquer un monde sans espoir. Elle se retrouve régulièrement dans le roman, de même que la nuit, l'ombre. Le roman en devient le récit d'une lutte entre l'obscurité et la lumière et il s'agit bien de savoir si les personnages vont surnager, rejoindre le jour où s'enfoncer dans les abîmes et les ténèbres. Certains s'y engloutissent.

Les personnages

Les personnages des Misérables ne sont pas des personnages comme les autres, ils ne relèvent ni de la "concurrence à l'état civil" (c'était le projet de Balzac dans la préface de La Comédie humaine), comme ceux de Stendhal, de Tolstoï ou de Flaubert, ni du type, comme ceux de Molière ou de Balzac ; ils ne sont pas non plus des "fonctions", bien que l'on puisse aussi trouver les uns et les autres dans le roman, comme le grand-père Gillenormand, type du grand bourgeois ayant survécu au dix-huitième siècle avec ses préventions et ses habitudes, voire Théodule, le neveu militaire.

Les personnages importants des Misérables sont des symboles, pour commencer par ce qui les marque tous, symboles du changement, de la possibilité de se transformer. Au cours du récit, tous se transforment, y compris le petit Gavroche, symbole du peuple. Jean Valjean, brave homme introverti que la misère accule au vol se transforme en dangereux hors-la-loi presque malgré lui, accumule des profondeurs de haine, puis sous l'impulsion de Monseigneur Myriel, devient M. Madeleine, homme repenti, lit, apprend, réfléchit, découvre l'amour et le véritable sacrifice, et dans le regard de ceux qui l'entourent (y compris Javert qui, lui, ne peut changer et en meurt) il apparaît comme un saint. Cosette, petite fille laide et martyrisée devient une jeune femme épanouie. Marius monarchiste découvre le bonapartisme en même temps que la Révolution et commence son long chemin vers la république.
Peu ou prou, tous les personnages passent par des mutations, à commencer par Monseigneur Myriel qui va voir un "terroriste" (comme dit Lamartine) et finit par lui demander sa bénédiction. Ces transformations sont rendues possibles par l'amour. Et si certains ne changent pas : Javert dans la rigidité de la loi qu'il représente, au double sens du terme, par sa fonction de policier qui en fait le défenseur et par sa personnalité qui en fait l'incarnation ; Thénardier dont l'égoïsme l'enfonce de plus en plus dans sa noirceur, c'est qu'ils sont justement hors de tout amour.

La force de ces personnages vient de ce qu'ils sont à la fois fortement individualisés. Cosette n'est pas tous les enfants martyrisés, mais une petite fille, puis une jeune fille particulière, comme Marius n'est pas tous les "enfants du siècle", mais un jeune homme particulier, et qu'en même temps le lecteur les perçoit comme représentant autre chose qu'eux-mêmes.

Les premiers éléments et origine de l'oeuvre

A la fin des années 1820, lorsqu'il va rédiger Le Dernier jour d'un condamné (publié en 1829), Hugo a assisté au ferrement des bagnards à Bicêtre, en 1827. Il s'est documenté sur Monseigneur Miollis, évêque de Digne, en raison de son attitude à l'égard d'un bagnard, mais aussi sur les égouts de Paris dans ces années-là. Claude Gueux, publié en 1834, qui en reprend en partie le thème, trouve dans le nom du personnage éponyme une dimension symbolique non négligeable.

Que ce nom ait vraiment été celui d'un homme réel ne donne que plus de sens à cette valeur symbolique, le gueux n'est-il pas le pauvre parmi les plus pauvres, le mendiant, le misérable (au sens matériel du terme) que sa marginalité conduit au crime, en faisant un misérable au sens moral du terme?

A la fin du roman, le narrateur imagine ce que pourrait dire un député décidé à s'occuper de choses sérieuses : Le peuple a faim, le peuple a froid. [...] Ayez pitié du peuple, à qui le bagne prend ses fils, et le lupanar ses filles. Vous avez trop de forçats, vous avez trop de prostituées.

Avis des journalistes sur l'œuvre en 1862

 Voici des critiques écrites en 1862 par plusieurs journalistes de l'époque l'or de la parution du livre Les Misérables, comme Paul de Saint-Victor, Alfred Glatigny et Alfred Auguste Cuvillier-Fleury qui fut journaliste et critique littéraire dés 1834 au Journal Des Débats, né en 1802 la même année que Victor Hugo.



Ce qui frappe justement dans cet amoncellement de misères si hardiment exposées, c'est l'impartialité qui domine, la sérénité qui y règne, la puissante intelligence qui les observe et qui sait au besoin, absoudre la cause de l'effet. 
Paul de Saint-Victor, La Presse, 1862 

Analyser les Misérables, je n'y songe pas. Une fois que d'eux on a dit : C'est beau ! on n'a pas assez dit encore. Il est des œuvres qu'il est impossible de raconter, tant elles nous dépassent … Malgré leur divine harmonie, Les Misérables dépassent la portée de l'œil. Il en est d'eux comme de ces montagnes qui vous écrasent et vous anéantissent par leur effrayante grandeur; devant elles, on tremble, on a peur et on s'agenouille. 
Albert Glatigny, Diogène, 1862 

M. Hugo n'a pas fait un traité socialiste. Il a fait une chose que nous savons par expérience beaucoup plus dangereuse… Il a mis la réforme sociale dans le roman; il lui a donné la vie qu'elle n'avait pas dans les fastidieux traités, où s'étale obscurément sa doctrine, et avec la vie, le mouvement, la couleur, la passion, le prestige, la publicité sans limites, la population à haute dose, l'expansion à tous les degrés et à tous les étages. Non seulement, il a mis le plus vigoureux talent au service de ses idées, mais il les a couvertes cette fois, pour tenter le respect des hommes, d'un manteau religieux. 
Cuvillier-Fleury, Journal des Débats, 29 avril 1862

Le contexte historique

Extrait d'un site littéraire sur les œuvres classiques et contemporaines françaises et étrangères. 

Victor Hugo a commencé Les Misérables en 1845 sous le titre Les Misères. Puis il "les" a abandonné pendant quinze ans. Il les reprend en 1860, et la première partie du livre paraît le 3 avril 1862. Le 15 mai, publication des deuxièmes et troisièmes Parties du roman (immense succès populaire, la foule s'amasse dès 6 heures du matin devant les grilles des librairies). Le 30 juin paraissent les deux dernières parties. Dans une lettre à Lacroix du 23 mars 1862, Victor Hugo écrit : Ma conviction est que ce livre sera un des principaux sommets, sinon le principal de mon œuvre. 

Cette œuvre est bâtie en cinq parties et le récit s'organise au tour de Jean Valjean, ancien forçat, depuis sa sortie de prison en 1815 jusqu'à sa mort, en 1833, dans les bras de Cosette et de Marius. Mais autour de Jean Valjean, apparaissent aussi les destinées d'autres misérables ; Fantine, ouvrière obligée de confier Cosette, sa fille, à des inconnus, les Thénardier qui la traiteront comme un esclave. Marius, qui tombe amoureux de Cosette, et qui s'engagera sur les barricades lors de l'insurrection de 1832. Gavroche, gamin de Paris, qui sera tué, en chantant, sur une barricade.

Depuis leur parution, Les Misérables sont l'œuvre la plus célèbre et la plus lue de Victor Hugo. Jean Valjean, Cosette, Gavroche, font maintenant parti des personnages connus de chaque lycéen et lycéenne. Les Misérables apparaissent comme ce "livre unique" dont rêvait le dix-neuvième siècle. L'ambition démesurée de Victor Hugo est explicite : " Ce livre est un drame dont le premier personnage est l'infini. L'homme est le second". 

Certains ont été tentés de critiquer Les Misérables pour la faiblesse de sa psychologie et sa simplification caricaturale de la société. Force est de constater, plus de cent trente ans après sa sortie, sa vigueur et de saluer cette œuvre, qui selon Victor Hugo lui-même, visait à dénoncer la dégradation de l'homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l'atrophie de l'enfant par la nuit.

Victor Hugo qui, dans la préface des Misérables, affirme d'ailleurs la mission morale, sociale, et politique qu'il s'est fixé en créant cette épopée : "Tant qu'il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers et compliquant d'une fatalité humaine, la destinée qui est divine… tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres comme celui-ci pourront ne pas être inutiles."

Victor et sa position sur la politique française

On parle souvent des opinions politique de Victor Hugo, mais ont-ils eu une influence sur ses romans et particulièrement sur cette œuvre ?

Réformiste, il souhaite changer la société mais pas de société. S’il justifie l’enrichissement, il dénonce violemment le système d’inégalité sociale. Il est contre les riches qui capitalisent leurs gains sans les réinjecter dans la production. L’élite bourgeoise ne le lui pardonnera pas. De même, il s’oppose à la violence si celle-ci s’exerce contre un pouvoir démocratique mais il la justifie (conformément d’ailleurs à la déclaration des droits de l’homme) contre un pouvoir illégitime.
C’est ainsi qu’en 1851, il lance un appel aux armes - « Charger son fusil et se tenir prêt »,  qui n’est pas entendu. Il maintient cette position jusqu’en 1870.

Quand éclate la guerre franco-allemande, Hugo la condamne : « guerre de caprice » et non de liberté. Puis, l’Empire est renversé et la guerre continue, contre la république ; le plaidoyer de Hugo en faveur de la fraternisation reste sans réponse. Alors, le 17 septembre, il publie un appel à la levée en masse et à la résistance. Les républicains modérés sont horrifiés : mieux vaut Bismarck que les « partageux » ! Le peuple de Paris, quant à lui, se mobilise et l’on s’arrache les Châtiments.

Un roman qui a demandé des années avant de voir le jour

'Les Misérables' Victor Hugo a commencé 'Les Misérables' en 1845 sous le titre 'Les Misères'. Puis il les a “abandonnées” pendant quinze ans. Il les reprend en 1860, et la première partie du livre paraît le 3 avril 1862.

Le 15 mai, publication des deuxième et troisième parties du roman (immense succès populaire, la foule s'amasse dès 6 heures du matin devant les grilles des librairies). Le 30 juin paraissent les deux dernières parties.

La comédie musicale des Misérables


La revue française du Nouvel Observateur publie cet article (extrait) sur la comédie musicale "Les Misérables": Les Français boudent les comédies musicales.

Quel étrange paradoxe que cette adaptation des "Misérables" par Tom Hooper. S’il s’agit bien d’une adaptation en comédie musicale du célèbre show au préalable écrit et mis en scène en France (Alain Boublil, Claude-Michel Schönberg et Robert Hossein), elle-même tirée du classique littéraire de Victor Hugo, "Les Misérables" ne trouvera probablement pas son public en France.
 L’explication est toute simple : ce grand pays de cinéma méprise les comédies musicales. Parce qu’elles n’ont rien de cinématographiques, nous dit-on. Sur les terres de Broadway ou encore de Londres, c’est un succès en or massif.
 Pourtant, il faut bien se le dire, "Les Misérables" de Tom Hooper est une petite pépite, un beau moment musical magnifié par une écriture cinématographique et un sens de l’hommage. Je m’explique…

jeudi 23 mai 2013

La philosophie du sénateur :


" Je ne vois pas qu'un loup s'immole au bonheur d'un autre loup. Restons donc dans la nature. Nous sommes au sommet ; ayons la philosophie supérieure. Que sert d'être en haut, si l'on ne voit pas plus loin que le bout du nez des autres ? Vivons gaîment. La vie, c'est tout. Que l'homme ait un autre avenir, ailleurs, là-haut, là-bas, quelque part, je n'en crois pas un traître mot. Ah ! l'on me recommande le sacrifice et le renoncement, je dois prendre garde à tout ce que je fais, il faut que je me casse la tête sur le bien et le mal, sur le juste et l'injuste, sur le fas et le nefas. Pourquoi ? parce que j'aurai à rendre compte de mes actions. Quand ? Après ma mort. Quel bon rêve ! (….) Étais-je avant ma naissance ? Non. Serai-je après ma mort ? Non. Que suis-je ? Un peu de poussière agrégée par un organisme. Qu'ai-je à faire sur cette terre ? J'ai le choix : souffrir ou jouir. Où me mènera la souffrance ? Au néant. Mais j'aurai souffert. Où me mènera la jouissance ? Au néant. Mais j'aurai joui. Mon choix est fait. Il faut être mangeant ou mangé. Je mange. Mieux vaut être la dent que l'herbe. Telle est ma sagesse. (….) En vérité, je vous le dis, monsieur l'évêque, j'ai ma philosophie, et j'ai mes philosophes. Je ne me laisse pas enguirlander par des balivernes. Après ça, il faut bien quelque chose à ceux qui sont en bas, aux va-nu-pieds, aux gagne-petit, aux misérables. On leur donne à gober les légendes, les chimères, l'âme, l'immortalité, le paradis, les étoiles. Ils mâchent cela. Ils le mettent sur leur pain sec. Qui n'a rien a le bon Dieu. C'est bien le moins. Je n'y fais point obstacle, mais je garde pour moi monsieur Naigeon. Le bon Dieu est bon pour le peuple. "

(Livre I - Chapitre VIII - Philosophie après boire).

L'ironie de Victor Hugo en parlant du sénateur



" C'était un ancien procureur, attendri par le succès, pas méchant homme du tout, rendant tous les petits services qu'il pouvait à ses fils, à ses gendres, à ses parents, même à des amis ; ayant sagement pris de la vie les bons côtés, les bonnes occasions, les bonnes aubaines.  "

(Livre I - Chapitre VIII - Philosophie après boire) 

Table tournante.



" Ce qui suit va sans doute porter un coup à tous les hugoliens rationalistes : le titre des Misérables, notre grand roman national, a été trouvé par une table tournante. On se souvient que, dans l’espoir de communiquer avec sa fille Léopoldine, morte noyée en 1843, le poète dialoguait avec l’au-delà lors de séances de parapsychologie familiale. Un système attribuant des lettres de l’alphabet au nombre de coups frappés par le pied de la table finissait par former des phrases. Et c’est ainsi que le 15 septembre 1853, à 19 h 30, la table tournante ordonne au poète : « Grand homme, termine Les Misérables ! » Ce nouveau titre trouvera sa résonance dans une célèbre phrase du roman : « Il y a un point où les infortunés et les infâmes se mêlent et se confondent dans un seul mot, mot fatal, les misérables ; de qui est-ce la faute ? »

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En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/10-choses-que-vous-ignorez-sur-les-miserables_1077437.html#gFTtLABukAiqzj6E.99 

Un roman né d’un adultère.



Le 5 juillet 1845, un commissaire de police parisien, accompagné d’un mari courroucé, tape à la chambre d’un appartement de la rue Saint-Roch, à deux pas de la place Vendôme. A l’intérieur s’ébattent Victor Hugo et sa bonne amie Léonie Biard. Flagrant délit d’adultère. A l’époque, on ne badine pas avec ces choses-là : Léonie est incarcérée. Le poète d’Hernani, 43 ans, protégé par son immunité de pair de France, échappe, lui, à la prison. Mais pour éviter l’opprobre, il s’enferme à double tour chez lui, place Royale (aujourd’hui place des Vosges). Et comme il faut occuper ses jours, il se lance dans un roman. Son titre ? Jean Tréjean. Rebaptisé un peu plus tard Les Misères.

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dimanche 19 mai 2013

Premier jour d'études...

J'ai préparé et j'ai publié sur le site Youblisher un petit résumé des six premiers chapitres du Livre I (Un juste) - Tome I (Fantine) de l'oeuvre la plus celèbre de Victor Hugo : Les Misérables.

http://www.youblisher.com/p/629168-Les-Miserables-Victor-Hugo/

Programme d'études


L'objective de ce blog




Ce blog a pour but étudier et discuter l'oeuvre de Victor Hugo - Les misérables.

Vous pouvez commenter, critiquer et faire remarquer votre point de vue.

Toutes les contributions seront les bienvenues !