Affiche lors de la publication du livre |
La campagne de lancement est menée de main
de maître. D'aucuns la comparent à celle qui
accompagne aujourd'hui la sortie d'un épisode
d'Harry Potter !
Le jour de la sortie, les librairies sont prises d'assaut, la première partie est aussitôt épuisée, les traductions s'enchaînent : le succès est immense. Hugo a pris soin de demander la création d'une édition illustrée de petit format, au prix abordable, pour toucher un large public rendu impatient par les centaines d'affiches annonçant la publication.
Le peuple est séduit. On dit que dans les ateliers, les ouvriers se cotisent pour acheter les ouvrages et se les passer de main en main.
Mais les lettrés font la grimace. Peut-être parce que l'attente était énorme, la désillusion se révèle cruelle. Les critiques consternées se multiplient : contre le style tout d'abord, «intentionnellement incorrect et bas» (Gustave Flaubert) censé plagier le parler populaire. Puis contre le fond, qui dérange : ne risque-t-il pas de donner de faux espoirs au peuple, de lui faire miroiter cette «passion de l'impossible […] : l'extinction de toutes les misères» (Alphonse de Lamartine) ? Baudelaire confesse dans une lettre à sa mère : «Ce livre est immonde et inepte» (11 août 1862).
Les républicains lui reprochent de donner en exemple un prêtre (Monseigneur Bienvenu), les catholiques d'accuser Dieu d'être à l'origine de la misère. Voici Hugo vilipendé pour avoir engendré «le livre le plus dangereux de ce temps» (Jules Barbey d'Aurevilly). Mais n'était-ce pas son but ?
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