Jean Valjean a dû
vaincre encore une autre tentation : « Dieu a ses voies; le couvent
contribua, comme Cosette, à maintenir et à compléter dans Jean Valjean l’œuvre de
l’évêque. Il est certain qu’un des côtés de la vertu aboutit à l’orgueil.[…].
Tant qu’il ne s’était comparé qu’à l’évêque, il s’était trouvé indigne et il
avait été humble ; mais depuis quelques temps il commençait à se comparer
aux hommes, et l’orgueil naissait. Qui sait ? Il aurait peut-être fini par
revenir tout doucement à la haine ». Mais il a « sous les yeux le
sommet sublime de l’abnégation ». Ainsi « tout ce qui était entré
dans sa vie depuis six mois le ramenait vers les saintes injonctions de l’évêque,
Cosette par l’amour, le couvent par l’humilité ».
Un des aspects
les plus remarquables de cette profonde cohérence des Misérables vient sûrement
de ce que le roman unit l’histoire de l’émeute à une grande partie de celle de
Jean Valjean. « Qu’est-ce que les convulsions d’une ville auprès des
émeutes de l’âme ? L’homme est une profondeur plus grande encore que le
peuple. Jean Valjean, en ce moment –là même, était en proie à un soulèvement
effrayant. […]. Lui aussi frissonnait, comme Paris, au seuil d’une révolution
formidable et obscure ». La naissance du Peuple et celle de l’Homme se
font dans des souffrances pareilles, plus cruelles cependant quand il s’agit de
la conscience de l’Homme.
Extrait de: Chaos vaincu - Quelques remarques sur l'oeuvre de Victor Hugo
Par Guy Robert
Par Guy Robert
Bonne recherche.
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